LA CONVERSATION DANS L'ESPRIT
LA CONVERSATION DANS L'ESPRIT
Les conversations dans l'Esprit ne sont pas simplement un « échange générique d'idées, mais une dynamique dans laquelle la parole prononcée et entendue génère une familiarité, permettant aux participants de se rapprocher les uns des autres » (Instrumentum laboris, no. 33). Le fait qu'elles soient « dans l'Esprit » signifie que nous voulons que le véritable protagoniste soit l'Esprit Saint : c'est lui qui nous unit dans la communion, qui nous envoie en mission et qui nous guide ensemble vers la plénitude du Christ. En ayant des conversations dans l'Esprit, nous cherchons à écouter la voix de Dieu qui nous parle à travers l'Esprit Saint, alors qu'il ouvre progressivement nos cœurs et nos esprits à ce qu'il a à nous dire.
Cette méthode des « conversations dans l'Esprit » a été proposée à tous les catholiques du monde il y a deux ans, dans les premières phases de ce Synode. Dans notre diocèse, plus de 100 équipes synodales l'ont expérimentée.
Les « conversations dans l'Esprit » sont également l'approche adoptée par l'Assemblée synodale de Rome, qui a rassemblé plus de 450 participants de tous les continents pour s'écouter les uns les autres et entendre ce que l'Esprit Saint a à leur dire au cours d'un mois entier passé ensemble dans la prière, la réflexion et le partage.
La conversation dans l’Esprit est avant tout une expérience qui consiste à écouter chacun jusqu’au bout sur des questions précises. Prenez la question œcuménique. Au premier tour de table, chacun témoigne de la manière dont il vit cette réalité, dans un mariage mixte, dans un groupe de dialogue… Les autres écoutent et sont attentifs à la manière dont ce qui est dit résonne en eux. Au deuxième tour, chacun exprime ce qu’il a entendu, non pas son avis personnel, mais le fruit de son écoute. Dans un troisième temps, on rassemble les résonances et c’est à ce moment-là qu’apparaît l’argumentation, le versant plus intellectuel : avec les pour et les contre. On pèse les arguments.
À partir de cela, nous devons nous mettre d’accord sur ce que nous allons écrire. Nous identifions les points qui nécessitent des approfondissements et ceux sur lesquels des avancées sont possibles. Cependant, la conversation dans l’Esprit ne signifie pas que nous entendions des messages de l’Esprit ! Il s’agit d’une écoute « stéréophonique » : écouter la Parole de Dieu, la voix de Dieu, c’est écouter les autres et les résonances que leurs propos ont en nous, et confronter ce que nous entendons aux Écritures afin qu’à un moment donné, peut-être, nous puissions nous dire collectivement : voilà ce vers quoi nous oriente la voix de Dieu.
Un peu partout en Europe et en Amérique latine, le concile Vatican II a été possible grâce à la pratique de l’Action catholique : Voir, juger, agir. Voir ce qui se passe dans la société, interpréter les signes des temps, pour aller vers l’action. L’archipélisation de l’Église a mis un frein à ce mouvement qui avait été initié. L’intuition du pape François n’est pas de revenir à ce Voir, juger, agir, mais, à travers la méthode de la conversation dans l’Esprit, des éléments de débat, leur orientation vers des décisions, d’introduire une nouvelle manière de répondre aux questions qui se posent aujourd’hui, dans l’encombrement des problèmes qui caractérise la situation actuelle de l’Église.
Alors que nous prenons conscience de la pluralité des cultures, notre tâche n’est pas de répéter les formules que nous avons forgées autour de la Méditerranée et en Europe, mais d’entendre la manière dont chaque culture permet de dire la mystérieuse identité de celui que nous appelons Dieu, du Christ, de l’Esprit saint, et de préciser le style de vie qui découle de cette foi, chacune dans sa propre langue. Cela s’appelle la Pentecôte, qui implique la reconnaissance mutuelle de tous. Jean XXIII rêvait de cela avec Vatican II, et la synodalité s’inscrit dans ce mouvement. Le philosophe juif allemand Franz Rosenzweig affirmait : « La traduction est l’œuvre du messianisme d’aujourd’hui. » Voilà ce que nous expérimentons au synode : quand telle personne d’une autre culture formule les choses d’une manière nouvelle pour nous, nous la reconnaissons en même temps comme chrétienne.
Mais plus nous trouvons une manière nouvelle d’avancer et d’échanger, non pas au niveau de nos opinions, voire nos idéologies, mais à partir des itinéraires des personnes et des communautés dans des contextes culturels divers, plus nous serons aptes à aborder des questions difficiles.
Il s’agit d’un processus long que ni ma génération ni peut-être la suivante ne verront aboutir. Nous nous trouvons à un tournant, les réponses à beaucoup de questions sont devant nous. Nous devons apprendre à vivre avec des questions qui n’ont pas encore trouvé leur solution.
Viens, Esprit Saint, habite nos conversations. Sois sur nos lèvres, dans nos esprits et dans nos cœurs. Conduis-nous vers l'harmonie les uns avec les autres et ouvre-nous à ta sagesse lorsque nous te rencontrons dans nos échanges.
Extraits de l'interview de Christoph Theobald publiée par le magazine La Vie (23/10/2023) et d'un article publié par https://slmedia.org/
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