CONTEXTE 

La mission

Notre évêque, Mgr Bruno Feillet, nous invite à mettre la mission en premier.
En quoi cela consiste-t-il ?

Définition

La Mission s’articule dans trois dimensions : annoncer la Bonne Nouvelle du Christ, témoigner que Jésus, le Christ, est « le Chemin, la Vérité et la Vie » dans le monde (Jn 14,6), s’ouvrir à la relation aux autres, dans un esprit de dialogue et de partage.
Source : site internet de l'Église catholique en France


Lors de l'assemblée plénière, début novembre, dans le cadre de son intervention sur la théologie de la mission, le cardinal Aveline précisait que : "Pour comprendre ce qu'est la mission, il faut apprendre à se tenir là. Pour l'Église, se tenir là est la chose la plus élémentaire de sa mission, avant même de faire quelque chose, avant même de dire quelque chose. C'est se tenir là sur les lignes de fracture de l'humanité, dans cette proximité, cette présence.
Il faut engager la conversation comme Dieu parle à un ami, engager la conversation avec humilité comme Dieu dans sa révélation
."

Quelques éléments pour comprendre le contexte actuel

 

Pour l’Église de France, l’évangélisation dans une société de plus en plus sécularisée s’impose comme une urgence. 

 

« Si aujourd’hui, nous demandons à des jeunes s’ils connaissent le Christ, je ne pense pas qu’ils soient plus de trois ou quatre sur dix à savoir au moins un peu de qui l’on parle. » Le sociologue des religions Philippe Portier (1) illustre un constat désormais bien connu de la déchristianisation brutale de la société française. 

De sondages en études, le déclin numérique du catholicisme en France est établi. Selon une vaste enquête de l’Insee, publiée en mars, 29 % des personnes âgées de 18 à 59 ans se déclaraient catholiques en 2020. L’un des grands enseignements de cette même enquête portait aussi sur le fait que la transmission de la religion dans les familles catholiques était sensiblement plus faible que dans les familles juives ou musulmanes. 

Dans ce contexte de recomposition du paysage religieux français, et pour résister à une forme de marginalisation, la question de l’annonce de la foi se pose pour l’Église comme une urgence. Comment les catholiques peuvent-ils « évangéliser », ou au moins témoigner de leur foi auprès de leurs contemporains ? Cet enjeu est au cœur du rassemblement Kerygma qui réunit plus de 2 500 personnes, dont pas moins de 45 évêques, à Lourdes du vendredi 20 au lundi 23 octobre, « pour donner un nouveau souffle à l’annonce de la Bonne Nouvelle de Jésus-Christ »


« Une soif spirituelle chez nos contemporains » 

Mais la foi chrétienne, qui plus est proposée par l’Église catholique, intéresse-t-elle encore dans une France où le nombre des personnes se déclarant d’aucune religion ne cesse de croître ? Parmi les voix qui comptent aujourd’hui, le nouveau cardinal François Bustillo, évêque d’Ajaccio, voit dans « le fait d’avoir une société distante vis-à-vis de la religion, voire indifférente », une « opportunité à saisir »

« Nous n’allons pas conquérir une société par des tactiques nouvelles de communication ou de séduction, mais par ce qui nous est propre », expliquait-il récemment à La Croix. Il appelle à revenir à l’essentiel du message de l’Évangile pour répondre aux questions existentielles sur la mort, l’au-delà, l’amour. 

 

Ce message peut-il être audible tandis que l’Église traverse une dramatique crise interne marquée par les violences sexuelles  commises en son sein ? Cette question fondamentale de la perte de crédibilité est évidemment pointée par tous, d’autant qu’elle a pu amplifier la tendance du déclin. Toutefois, la face sombre de l’institution ne décourage pas les adultes – près de 5 500 en 2023 – et adolescents qui frappent, de plus en plus nombreux, à la porte de l’Église catholique pour demander le baptême. 

« Cette hausse est liée au fait que des générations d’enfants n’ont pas été baptisés bébés, explique Isabelle Morel, professeure à l’Institut catholique de Paris et directrice de l’Institut supérieur de pastorale catéchétique. Cela démontre aussi une forme d’attirance, de recherche de cohérence et une soif spirituelle chez nos contemporains. Elle se voit aussi dans les librairies avec l’espace accordé au développement personnel. À nous, chrétiens, de dire notre foi de manière explicite car sinon, elle ne sera pas entendue. » 


Des influenceurs catholiques sur les réseaux sociaux 

Mais les catholiques sont-ils en mesure d’être compris par des personnes qui n’ont plus les codes et les références du catholicisme ? « Il est certain par exemple que le discours sur le salut est difficile à faire entendre alors que la culture chrétienne s’est effondrée, reconnaît le dominicain Philippe Verdin, responsable de la proposition numérique Retraite dans la ville. Jésus sauve, oui, mais de quoi ? Qu’est-ce que veut dire le péché ? » 

Ainsi, les catholiques font face au défi d’adapter leur vocabulaire pour ne pas donner le sentiment de parler une langue étrangère. Dans ce domaine, les musulmans ou les protestants évangéliques semblent plus en phase avec leur temps, utilisant avec aisance les réseaux sociaux. 

Beaucoup de catholiques tentent de relever ce pari, notamment sur Internet à l’image de quelques « influenceurs » populaires. Dans des styles très différents, ils se font fort de parler de Dieu et de religion en maniant l’humour, ancré dans la culture populaire d’aujourd’hui. Certains, comme le frère Paul Adrien d'Hardemare, dominicain très présent sur YouTube ou Instagram, se lancent également sur le terrain, dans la mission itinérante – comme cette semaine dans le diocèse de Chartres. 


« Rajeunir » l’Église 

D’autres, moins connus, et sans attendre l’approbation des clercs, essayent aussi de « rajeunir » l’Église. Parmi eux, l’étudiant en communication Paul Delafosse, 23 ans, a lancé, en septembre 2022, le média en ligne Amen avec lequel il rejoint une communauté de plus de 40 000 personnes. Fort du « constat que l’Église a dû mal à s’adresser aux jeunes », il a souhaité investir, avec les codes et le langage de son époque, ce continent numérique. 

D’autres laïcs relèvent les manches pour témoigner de l’Évangile. La manière dont le Congrès Mission, lancé en 2015, sans résumer à lui seul l’évangélisation dans l’Église de France, s’est imposé dans le paysage catholique, illustre par exemple la cristallisation autour du souci d’une annonce explicite de la foi. Ce qui ne s’oppose pas, selon Isabelle Morel, au témoignage envisagé comme un « levain dans la pâte » des chrétiens qui vivent ou agissent au service des plus pauvres, des plus fragiles, dans de nombreuses associations. « Ce n’est pas l’un ou l’autre », plaide-t-elle. 


L’Église catholique, « plus vivace qu’on ne le croit » 

C’est ce que vit, à l’image de toute une génération de chrétiens engagés, Thérèse du Sartel, 32 ans, auprès des milieux militants écologistes et anticapitalistes dont elle partage les combats. Dans la proximité des personnes qui luttent contre les « injustices », l’ancienne présidente du Dorothy, café associatif det solidaire chrétien, peut oser une parole, comme chrétienne, et tenter de répondre à la soif spirituelle et à la quête de sens qu’elle observe. Pour cela, « le pape François,  m’aide beaucoup », dit-elle, en soulignant ses prises de position sur la crise climatique. 

Alors, même dans une société toujours plus sécularisée, le catholicisme peut-il continuer à faire entendre son message ? Le sociologue Philippe Portier perçoit toujours « des attentes de la société à l’égard du phénomène religieux ». Dans ce contexte, l’Église catholique possède à ses yeux des ressources, par son tissu « plus vivace qu’on ne le croit », par sa place dans l’imaginaire national mais aussi par sa capacité à développer des concepts en phase avec le temps – comme la notion de bien commun. 

« L’Église, souligne-t-il, est sur une ligne de crête entre sa longue tradition et les demandes d’une société qui se défie des structures pyramidales et des normes. Il lui faut trouver un langage commun avec une société qui s’est séparée d’elle. »

(1) La Sécularisation en question. Religions et laïcités au prisme des sciences sociales, sous la direction de Jean Baubérot, Philippe Portier et Jean-Paul Willaime, Classiques Garnier, 746 p.,

Source : Article publié par  La Croix le 19 octobre 2023

NOMBRE DE PRÊTRES AUJOURD'HUI ET DANS 10 ANS

diocèse de Séez


La mission est à l’ordre du jour de l’Église depuis 2000 ans. C’est pour les envoyer en mission que Jésus a rassemblé les apôtres en Église. Les évêques français ont décidé de placer la mission au coeur d’un cycle de leurs assemblées plénières ordinaires, en novembre dernier, pour réfléchir aux moyens de vivre la mission au temps présent. Car l’Eglise n’a de sens que si elle sert le monde, l’humanité contemporaine.
00:00 • introduction de Mgr Vincent Jordy
00:47 • intervention de Mgr Leborgne
14:44 • intervention de Mgr Garin
30:58 • intervention de Mgr Aveline